Pour terminer ce cycle d’articles, voici quelques conseils pour identifier (et neutraliser) les fausses informations – car elles vont sans doute continuer à proliférer dans les prochains temps ! Or, plus une info est relayée, plus on estime qu’elle doit être vraie…
Les fake news (ou infox, si l’on veut garder un terme français) sont la continuation des rumeurs, qui existent depuis toujours. L’apparition des journaux à grand tirage a été une nouvelle étape à la fin du 19ème siècle.
Mais avec internet, le phénomène s’est amplifié, car il est très facile de relayer un message. C’est l’ère de la « post-vérité » (qui est souvent une réaction aux doux messages « politiquement correct »). Les infox deviennent banales, car elles sont noyées dans le flot continu d’informations. Paradoxe : il y a de plus en plus de sources d’information, mais on est finalement moins bien informé.
Pour débusquer les fausses infos, la consigne générale serait : tout comme le Candide de Voltaire, il faut devenir raisonnablement sceptique. On doit donc vérifier le message et ne pas céder à la paresse intellectuelle! Quelques critères :
- Aller au-delà du titre. Les infox ont souvent des titres accrocheurs afin d’augmenter les partages en ligne. Exemple, tiré d’un article sur la bactérie intestinale Prevotella : « découverte majeure sur le front du covid! »
- Identifier la source. L’auteur existe-t-il vraiment? Quel est le rédacteur originel ?Il faut vérifier son site, son but affiché… Et s’il n’est pas identifiable immédiatement, c’est suspect…
- Vérifier le contenu : dans le cas de la Prevotella, l’article cite dès le début le groupe Elsan (cliniques privées)… qui a immédiatement et fermement démenti avoir fait cette découverte !
- Repérer les remèdes miracle. La santé est un terrain de prédilection pour les fake news, et la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver les choses. On a bien sûr tous envie de croire à un traitement efficace contre le virus… mais, hélas, rien n’a été découvert ou démontré pour l’instant. Il y a de très nombreuses recherches en cours, mais il faudra encore attendre un peu pour avoir des résultats fiables.
- Multiplier les sources d’information : que disent les « experts », en l’occurrence les scientifiques ? Les Français ont massivement soutenu le professeur Raoult… alors que la totalité de ses collègues déconseille actuellement l’utilisation de la chloroquine.
- On peut aussi vérifier ce que les « grands » médias nous disent sur le sujet. Les médias sont souvent critiqués, notamment par les complotistes (on voit fleurir le terme de « merdia »), et pourtant la plupart sont soucieux de leur réputation. Ils sont normalement attachés à la vérification des faits (fact checking en anglais), une règle fondamentale des journalistes – l’autre règle étant la protection des sources d’information. Lors de cette crise, tous les médias d’information ont régulièrement analysé et démonté les diverses fake news.
Une fois que notre infox est débusquée, nous devons la neutraliser, en évitant de la relayer ! Ce n’est pas pour rien que l’on parle de propagation virale. Décidément, le mécanisme de transmission des fake news est tout à fait similaire à l’épidémie de covid-19…